Bonjour Monsieur St Jacques 5

Publié le par de-st-jean-a-st-jacques.over-blog.com

Lundi 12 Juillet
Départ El Acebo 6 h 30.
Arrivée 11 h 45 Ponferrada.

Très beau, léger vent rafraîchissant.
Jolie marche, descente un peu rude mais traversée de forêts de châtaigners séculaires, c'est superbe !
Des murets moussus où l'on s'attend à voir sortir des elfes, des sources, c'est le Bierzo : les portes de la Galice.
Passe Molinaseca, arrêt pipi dans une albergue au bord de la route. Quelle surprise ! Les lits sont dehors, sous un auvent. Je m'inquiète du bruit, l'hospitalier me dit qu'après 21 h, plus personne ne passe. Je suis perplexe car c'est un grand axe !
Coucou !..... C'est Yvan. On marchera ensemble jusqu'à l'entrée de Ponferrada.
Stop pour moi, je change de chaussettes et repars seule.
Une côte assez raide, un petit coup de cul, un virage… Whaou !…
Le château … Comme dans les dessins de contes pour enfants. Je m'attends à voir Barbe-Bleue ou le Chat botté. 200px-Castillo_templario_de_Ponferrada_001.jpg

Château de Templiers, il est massif avec, au-dessus de la porte d'entrée, une succession de tours qui lui donne un petit air Walt Disney. C'est tout simplement fabuleux. Ce soir, je dînerai au pied de la muraille, c'est promis, juré.
Visite de l'église "De la Vierge trouvée dans un arbre par un Templier", encore un miracle !
Pourquoi Pont de Fer ? En 1082, au lieu d'un pont de bois ou de pierres, ici, a été construit un pont en fer, grâce à l'exploitation des mines environnantes. C'était aussi novateur que notre pont de Millau. On venait de partout pour l'admirer.
Recherche de l'albergue et de Danielle. Je trouve les deux.
Danielle est en pétard, on lui a piqué 50 € dans la douche à Molinaseca. Pas de bol.
On décide d'aller visiter le château, re-pas de bol.   
"C'est lunèsssss, c'est "fermèsss !"
"M........de, pa'ceque ché pas quand je repasserai par là ! C'est pas la porte à côté, hein !"
Le soir, resto avec Danielle. Je déguste un poisson délicieux, je pense que c'est un petit poisson-chat. Puis retour à l'albergue, il y a une ambiance du tonnerre : chants, guitares et un gars qui tape avec des cuillères sur une poubelle en plastique. On n'est pas pressées d'aller au lit car demain presque rien :18 km seulement.

 

Mardi 13 juillet

Départ 7 h 30 pour… Non !… Je voulais pas m'arrêter là ! Cacabelos ! Je vois les copains, morts de rire :
- Alors tu t'es arrêtée à Belle M.....!
Ça, j' voulais éviter, mais les mosquitos ont pris mon corps de rêve (- 6 kg) pour un terrain de sport.
J'ai le bras droit comme un lutteur de foire et la main gauche, en gant de boxe. Donc arrêt obligatoire, au centre de soin. Pommade à la cortisone, médicaments, et plus de soleil pendant le traitement. C'est le pompon !
L'albergue est la plus mignonne qui soit ! Une série de box de deux lits, adossée au mur d'enceinte de l'église (à voir absolument) + sanitaires super modernes, voire luxueux et internet gratuit. Mais pas de cuisine ! Rien n'est parfait !

 

Mercredi 14 juillet
Départ 6 h.
Arrivée à Vega de Valcarce 14 h.

Temps couvert, presque menaçant.
Arrêt à Trabadello pour boire du coca, car les médicaments m'ont dérangé les intestins. Il fait frais, je remets la veste. Parcours dans les vignes, superbe, puis fin de parcours merdique, asphalte qui fait mal aux pieds et travaux sur la départementale.
J'ai laissé Danielle qui souffre terriblement de son pied à Cacabelos, elle ira en car jusqu'à Ruitelan.
On se donne rendez-vous à Ruitelan pour 7 h -7 h 30 jeudi, afin de monter ensemble El Cebreiro, dernier Haut Lieu avant Santiago.
L'albergue est moyenne en confort, mais face aux ruines d'un château fort templier.

 

Jeudi 15 juillet
Départ Vega 6 h 30  (j'ai du retard).
Arrivée Alto de Poyo 16 h 30.
Temps toujours couvert, ça m'arrange.

Passé une nuit blanche. Remerciements au pèlerin insomniaque qui se prépare à manger à 2 h du mat' après avoir raconté sa vie à haute voix, à son copain. Même quand on ne veut pas écouter, on entend, quand c'est claironné. En plus, je suis face à la porte de la cuisine et elle est vitrée. J'ai la lumière dans les yeux. Enfin, il a fini de manger, le ventre plein, il se met à siffloter. Il est 3 h !… Bref ! Je suis de mauvaise humeur. Trop, c'est trop !
Danielle m'attend, inquiète. Elle a rencontré Yvan, qui lui a parlé de moi, me donne son bonjour et on commence à grimper.
Dénivelé de 700 m assez rude, mais c'est superbe en arrivant. o-ceibrero.jpg

Enfin O Cebreiro, le sommet. Un son de gaita, (cornemuse espagnole) nous accueille.
Les deux boutiques regorgent de souvenirs. Cartes postales et petit tour dans l'église du XIe et ses trésors. C'est, enfin, la Galice et tout change. Ça veut aussi dire 6 ou 7 jours avant Santiago !
Petit pincement au coeur, la belle aventure se termine.

Sur le chemin, hortensias majestueux, d'un mauve violacé, voisinent avec des palmiers et des châtaigniers tellement gros, qu'il a fallu en couper un bout, pour faire passer la route. Des pierres moussues à profusion, les fées et les lutins ne sont pas loin ! C'est superbe et magique.
Tortillas maison et vino tinto (un peu trop), on fête l'évènement.  
Assises sur un mur, nous faisons un arrêt pause-chaussures. Par curiosité, je retourne les godasses et, bon sang, plus de crans à l'arrière.
Punaise ! J'ai les pneus lisses à l'arrière ! Si je me fais arrêter par les cabaleros, ils vont m'enlever 2 points sur ma crédentiale !… On pique une crise de fou rire mémorable (les pèlerins riront de nous voir écroulées).
Puis en route pour l'Alto de Poyo.
Nous y arrivons à 16 h 30, crevées, épuisées.
L'albergue est "dégueulasse" ! Je tire le couvre-lit pas lavé depuis des lustres et découvre une punaise morte.
Je tape un petit scandale et demande le remboursement à la taulière. Elle revient avec nos 20 € et deux barres de chocolat.Je prends les sous et lui laisse le chocolat !
On avertira la surveillance sanitaire et on file en face à l'hôtel. alto-de-poyo.jpg

L'hôtelier nous dit, en français :
- Vous venez de la porcherie ?
Ce n'est donc pas nouveau…
Il a une pièce avec 3 x 2 lits comme une mini- albergue. 
Il l'ouvre pour nous, 25 € repas compris, rien à dire sinon merci, c'est parfait. Nous sommes seules dans cette chambre.

Douche et WC privatifs et très bon repas. On goûte, pour la première fois, au gâteau de Santiago, hum… délicieux !
Le soir, re-fou-rire en pensant à notre mésaventure. Une saine colère, ça fait du bien !
Il est vrai que le pèlerin est proie facile sur le camino.
Aujourd'hui, "y a eu un os" dans le potage.

 

Vendredi 16 juillet

Départ 6 h 30 de l'Alto.
Arrivée 12 h à Tricastella.
Frais, couvert au départ, petit crachin, grand beau temps à l'arrivée.
Il y a vraiment un petit air bretonnant dans l'atmposphère.
Chemin de crêtes, photo souvenir pour Danielle et moi, au pied du "Pèlerin luttant contre les éléments déchaînés". Nous prenons la même pose que lui. Clic-clac, gracias !
Bon c'est pas le tout, ce qu'on a monté hier, faut l'redescendre, aujourd'hui !
Très raide, mais très joli parcours, dur pour les genoux et les chevilles.
À Tricastella une antenne de la Croix rouge attend les plus souffrants.
Nous retrouvons Anne et sa truculence.
Comme depuis quelques jours, nous ne l'avons pas vue, nous pensons qu'elle a pris le car, malgré son déni. Ipso facto, je la baptise avec tendresse " Ici-Jet ". Je rappelle qu'elle a 72 ans !
La galère aux places commence. Les albergues sont au complet. Pour une somme modique, on se trouve un hôtel et une chambre avec un grand lit !
21 h, dodo ! 22 h, le téléphone sonne, c'est le fils de Danielle. Puis, les petits bobos se réveillent, pique, pique, mosquitos, gratte, gratte, prise de médicaments, massage de ma hanche, envie de faire pipi, l'une après l'autre.
23 h ! Enfin, tout est calme …On dort à poings fermés.
Minuit… Un chien hurle à la mort, juste derrière l'hôtel, un autre lui répond, puis une meute ! Ils hurleront toute la nuit ! Normal, dans la journée, ils pioncent sec, pattes tendues, ventre étendu au soleil.

 

Samedi 17 juillet
Je ne peux pas me lever !…

Un, j'ai les yeux en capote de fiacre, don de la nuit blanche.
Deux, ma hanche ne me supporte plus ou c'est moi qui ne supporte plus ma hanche ! Je paye la descente d'hier.
Il me faut une bonne demi-heure pour arriver à faire deux pas et à voir clair.
Friction, médicaments et décision de prendre le bus, avec Danielle jusqu'à Sarria.
20 km plus loin, on entre dans un bar pour le petit déj' !
- Salou,  commèèèint t' va !
C'est Yvan et son accent. On papote un coup.
Pas d'albergue libre.
Un hôtel, "Meson Camino Françes", on nous accueille en français !
- Oui, il a une chambre. Oui, il fait à manger.
Nous rencontrons un monsieur qui vient de Mulhouse, son fils habite Ste Suzanne près de Montbéliard.
Il nous donne une adresse qui nous sera très précieuse à Santiago. Une albergue privée, on peut rester le temps qu'on veut et c'est juste derrière la cathédrale. Merci, monsieur !

 

Publié dans Camino Frances 2010

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