Bonjour Monsieur St Jacques 8

Publié le par de-st-jean-a-st-jacques.over-blog.com

Vendredi 22 juillet

Départ 6 h de O Perdrouzo.
Arrivée Santiago 14 h 15 (devant la Cathédrale).
5 h, le gymnase se réveille, 5 h 30, je me lève en forme.
Objectif, Lavacolla.
Le nom est osé et veut bien dire ce que vous pensez ! Mais c'était ici, que les pèregrinos se lavaient des pieds à la tête et passaient des vêtements propres pour aller saluer Monsieur St Jacques.
Compostelle est à un jet de pierre (10 km).
C'est la messe, je me glisse tout doucement parmi les pérégrinos. Nous sommes une quinzaine. Le curé fait l'impasse sur la communion, au grand dam des pèlerins, qui sont un peu surpris. Je ris sous cape et pense qu'il n'y avait peut-être que 5 hosties, dans le fond du ciboire !
Progressivement, une boule commence à me chatouiller les amygdales. C'est pas le moment de craquer.
Je regarde les pèlerins et les pèlerines. Surtout elles, maquillées, vernissées, certaines marchent en tongs avec bouquets de violettes entre les doigts de pied, d'autres sont aussi fraîches qu'à la sortie de la douche.
Je chantonne. Un pèlerin, le " VRAI DE VRAI ", avec cape marron, flambant neuf, large chapeau à bord relevé, coquille, bourdon, enfin tout, quoi, acheté la veille, au bazar du coin, tenu par un Chinois !
Halte au Monte del Gozo. Coup de tampon, devant la petite chapelle.
J'amorce la descente sur Santiago. Devant moi, une classe d'enfants de 6 à 7 ans, vêtus de blanc et  rouge avec des petits sacs à dos, où est inscrit "English school". Ils chantent à tue-tête en espagnol, en anglais. J'entre dans Santiago derrière eux. Je ne pouvais rêver plus belle arrivée. Re-boule dans la gorge !
Je les laisse à la lisière d'un parc et file vers la vieille ville.
Rencontre mes deux vaisseaux du désert. Papa va bien, mais fiston prend l'eau. Il m'a l'air mal en point.
Pour lui, le vaisseau coule, c'est Titanic et il est loin d'être le roi du monde !
Je continue et soudain, sur le trottoir, je reconnais le casque colonial de Francis. C'est un Pakistanais qui habite Miami et a débuté le chemin, à Rome.
On s'embrasse, on se tape dans le dos. Il me photographie, puis très gentiment, me prend mon bâton et ma main, et nous entrons ainsi, comme deux amis de longue date, dans le cœur de Santiago. Je pleure … Lui aussi !…
14 h 15 sur les marches de la Cathédrale.
Pour faire partir l'émotion, une bonne cerveza con limonada et quelques tapas bien mérités. J'ai un jour d'avance sur ce que que je m'étais fixé au départ.
Je pars à la recherche de mon albergue privée, à 300 m de la Cathédrale. Retrouvailles avec Danielle. Samedi, elle ira à Fisterra. Moi, je fais l'impasse et préfère visiter la ville car, en chemin, j'ai décidé de faire le Camino del Norte en 2012. Et alors, je passerai quelques jours à Fisterra.

 

Samedi 23 juillet

Temps magnifique.

Je prends le temps de vivre.
Visite de la Cathédrale, de la crypte où repose St Jacques le Majeur et ses deux disciples. Je passe par la Puerta del Perdon.
Cette porte n'est ouverte, par l'évêque, que les années jacquaires.
Visite de deux musées, c'est gratuit, sur présentation de la crédentiale. Année Sainte oblige.
Découvre le bar "Casino", merveilles de boiseries sculptées et ambiance cosy. Fauteuils clubs, piano.
Je prendrai une tortilla accompagnée d'un vino blanco et un pèlerin nous jouera quelques airs de Chopin.
Il y a une file de 500 m pour la Compostella. On verra demain !
En fait, je repasse par-là, à 21 h 15, il reste une dizaine de personnes dans le hall et comme j'ai mes crédenciales sur moi, hop, je m'immisce dans le groupe, pour 15 mn d'attente.
Et le tour est joué !
Dans la nuit, je suis réveillée par une formidable démangeaison.
"Keskissspasse"… kessskejé"… Regard dans la glace.
L'horrrrreur !… J'ai la bouche de Love Amour et un œil à moitié fermé, tellement il est enflé !

 

Dimanche 24 juillet et lundi 25 juillet

 Je dissimule tant bien que mal mes boutons, et en route pour la grand-messe.
Grande et longue messe, avec en prime, le roi et la reine en robe noire et mantille.
Je me place à l'endroit où le Botafumeiro ira le plus haut. J'attends debout, 1 h 30 avant le début de la messe.
J'ai marché pendant 40 jours, je peux attendre 1 h 30. La cathédrale est comble, des milliers de pèlerins sont dehors. Il y a des écrans partout, pour suivre l'office. Arrive le moment suprême, les officiants, vêtus de rouge, les fameux Tiraboleiros, commencent à agiter le Botafumeiro. Il monte de plus en plus haut, va de plus en plus vite, touche pratiquement la voûte, puis redescend et lentement se balance au rythme du chant d'une chorale. Puis c'est l'arrêt complet et du chœur et du Botafumeiro. Frissons, larmes aux yeux, applaudissements.    photo6

Je pourrais résumer ainsi :
- 800 km parcourus
- 40 jours de marche
- 3 minutes 30 de bonheur le plus complet !

Après-midi, sieste et visite d'une expo photo fabuleuse. Côté démangeaisons, ça ne s'arrange pas.
Prends la décision :
- Demain, direction "Urgences".
Danielle m'accompagne.
- Allergia ,allergia, allez r'gia !
Me dira le médecin, en me faisant une piqûre dans les fesses.
Je plaisante en lui disant :
- Moi, je ne connais qu'allez Sochaux !…

 

Mardi 26 juillet

Départ 14 h 50 Santiago via Barcelone, via Zurich, via Basel.
Arrivée 23 h 10.
Et les bras de ma fille, Anne-Cécile… Magique !…
Chaleureux remerciements à mes enfants, aux amis et à Marie en particulier, pour son sincère dévouement.
Un clin d'œil aux bookmakers qui ont pris les paris sur mon retour, après 8 jours de marche.
- Pas de bol, les gars, vous avez perdu !…
Merci à José, pour l'article dans le Pays et pour ses mails, si humoristiques.
Et à toi, Ogho, je dédie ce Camino.

 

photo

 

Fin Janvier 2013 

Enfin une lettre de toi, ma petite Danielle. Je t'avais écrit en décembre pour te souhaiter de joyeuses fêtes et jusqu'à ce jour rien de ta part, mais je ne suis pas inquiète. J'ouvre avec empressement ta jolie carte. Sur l'enveloppe une phrase imprimée "Une douce pensée"  et ta carte avec de petites fées "Une pensée légère et ensoleillée". C'est si joli !
Tu me dis combien tu as été heureuse de me connaître et d'avoir fait une partie du Camino Frances avec moi, ton amour pour ta petite-fille. Puis, cette phrase que je ne saisis pas tout de suite.
Elle claque comme un coup de fouet !
Je relis plusieurs fois, les larmes aux yeux :
- Puisque tu reçois cette carte, c'est que je ne suis plus.
La foudre tombe sur moi. Je cherche à te téléphoner. Le téléphone sonne dans le vide. En tapant ton adresse sur internet, des noms s'inscrivent. Je réussis à contacter ta plus proche voisine, Dominique qui me confirme la triste nouvelle !

Tu as choisi d'aller marcher seule, sur la Via Lactëa et je suis si triste !
Il manquera à jamais une pièce, au puzzle de mon Camino Frances.

Où que tu sois, tu fais partie de mon histoire et je pense à toi…

Publié dans Camino Frances 2010

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G
Merci pour cette agréable lecture. De l' humour et aussi de l' émotion dans<br /> ton journal. Dommage que tu n' avais pas d' appareil photo (Il ne manque que des photos persos), mais c'est largement compensé par un style d' écriture très imagé!<br /> Agréablement surprise de te découvrir aussi courageuse et passionnée!<br /> Encore bravo à toi.<br /> Gisèle.
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